mardi 15 décembre 2015

Le mur de la communauté

Une communauté doit être un mur. Non pas un pour se renfermer, mais pour se protéger. Pas une façade pour se ghettoïser, mais plutôt une muraille pour se familiariser.

 

De l’extérieur, il bloque l’accès au tribalisme, à l’égocentrisme, à l’amateurisme et autres fauteurs de troubles qui finissent en isme.  De l’intérieur, il chaperonne ses enfants, précautionne ses personnes âgées.


Le mur doit être impénétrable à la zizanie, immunisé à la distraction. Un édifice de ce genre ne pousse pas seul dans la nature, il se construit avec la sueur des membres de cette collectivité.  Chacun des adhérents y apportant sa pierre, chaque bras y mettant la main à la pâte. Parce que tous les organes auront façonnées cette architecture, la forme finale aura le visage de ses bâtisseurs.


Dans les chambres de cette maison, il doit y avoir des cours de conjugaisons. Oui, apprendre à ne pas parler de soi à la première personne du singulier. Non plus à la troisième personne par narcissisme mais à la première du pluriel par allocentrisme.

 
Redéfinir la réussite, car le succès seul et caché est la voie royale vers l’échec communautaire.

 
Le créateur à fait en sorte que nous n’avons pas eu le droit de regard sur certains éléments pourtant primordiaux dans nos vies.  On peut choisir le t-shirt qu’on portera aujourd’hui mais pas sa famille. On peut trancher sur les différents groupes auxquelles nous voulons adhérer, mais pas sur sa communauté. Elle nous a été imposée tel un diktat céleste.


À nous ici-bas de combiner avec elle, pour le meilleur et pour le pire.  Dans l’extravagance comme dans la médiocrité. Même quand on aimerait se départir de sa tâche collective et s’en laver les mains comme Ponce Pilate, ce mur nous suit comme un ombre. Un dicton en lingala dit, « kombo nayo ekofunda yo », signifiant littéralement, « ton nom va te trahir ».  Notre patronyme serait donc un garde-fou contre toute tentative de fuite hors des frontières du mur. Il rattrape notre complexe, expose notre individualisme.

 
Malencontreusement, c’est trop souvent le malheur qui déclenche notre instinct grégaire. Comme si il nous faut être au pied du mur pour exprimer notre grégarité.


Voilà un autre aspect qui doit être abordé dans les couloirs de cette construction de groupe ; se réunir pour le plaisir. Se tourner vers les autres même quand tout vas bien, aider de manière désintéressé.

 
Comme l’aboutissement des Pyramides d’Égypte, le résultat ciblé prendra du temps, il demandera aux constructeurs de s’armer de patience. De mettre leur moral à l’épreuve des tentations des petites victoires court-terministes pour un triomphe sur le long terme.

 
Que les hommes et les femmes disposés à cette entreprise se lèvent ou se taisent à jamais.


      
            Guy-Serge Luboya
 

 

 

 

 

mercredi 4 novembre 2015

Dr. Denis Mukwege ou le millionnaire de la « richesse être »

Dr. Denis Mukwege

L’organisation capitaliste dans laquelle la plupart de nos sociétés évoluent est une structure basée sur la « richesse avoir ». En effet, l’ascension sociale passe par l’accumulation de capital. Les détenteurs de  patrimoines plus considérables sont au sommet de la pyramide. Ces individus fortunés ont étés élevés au-dessus de la masse, leurs biens matériels ayants tracé la démarcation entre eux et le citoyen lambda.  

Cette délimitation entre le riche et le commun des mortels est d’autant plus apparente du fait que l’abondance pécuniaire soit tangible. On remarque les millionnaires de l’avoir dans nos collectivités, ils font la une des journaux et roulent aux volants de Porsche et Mercedes.

Le compte en banque est le réservoir de cette moisson. Il met à l’abri les fruits de l’arbre financier dans ce jardin de la possession.

Mais, non loin de cette espace existe un autre monde, un univers diffèrent, celui de la « richesse être ».

Sous ce paradigme, les choses sont beaucoup plus abstraites. Effectivement, quel est l’indicateur qui permet de mesurer l’humanité d’un individu ? Quel est le compte en banque des élites de l’être ? Est-ce le nombre d’amis Facebook ? La sociabilité ? Il serait difficile de répondre à ces questions tant il y a de gentils pas bons et de bons pas gentils.

Toutefois, on finit toujours par reconnaitre la bonté, elle est comme la beauté, claire et sans aucun doute dans les yeux de celui qui la regarde.

Au cours des deux dernières décennies un illustre citoyen de la terre a donné une leçon de savoir-vivre à ses contemporains. Cet honorable se nomme Denis Mukwege. Médecin, mais aussi pasteur, l’homme est allumé d’une passion évidente pour guérir les plaies.

S’il jouit aujourd’hui d’une popularité qui ferait une rock star rougir de jalousie, le docteur a débuté son combat il y a bien longtemps, bien loin des caméras du monde entier. En 1988, alors établi à Angers, il quitte la douce France et son prestigieux poste de gynécologue, pour exercer dans un petit hôpital de Lemera (Sud-Kivu) où il croit que ses services seront plus utiles.

À cette époque, il ne faisait que des accouchements, bien loin de s’imaginer que quelques années plus tard ses patientes se présenterons à l’établissement non pas pour donner naissance mais pour se réparer d’un viol. Mukwege ne se doute pas aussi que Lemera deviendra tristement célèbre pour ces fameux accords de Lemera dans lesquelles Laurent-Désiré Kabila aurait fait d’importantes promesses de concessions à ses accompagnateurs Rwandais et Ougandais. Kabila rejeta ces soupçons d’un revers de la main, qualifiant ces prétendus contrats de «conglomérat d’aventuriers. »  

L’été 1996 marque le début des embrouilles pour Denis Mukwege, c’est à cette période-là qu’il s’oppose à l’armée zaïroise qui lui demande de poser des barrières afin empêcher les « banyamulenge » d’avoir accès à l’hôpital de Lemera où il est devenu Médecin-Chef. Les FAZ suspecte alors les Tustis de «Mulenge » d’êtres de connivence avec les autorités rwandaise qui chercherait à attaquer les camps Hutus au Kivu.

Le refus d’obtempérer de Mukwege créera des tensions entre les autorités militaires et lui.

En octobre de la même année, il faut d’énormes pressions, dont la maladie d’un employé suédois de l’hôpital, pour que Mukwege se décide à quitter Lemera pour Bukavu. Le centre hospitalier est bien malgré lui, sur la route des rebelles qui marchent vers la capitale Kinshasa. Après son départ, l’hôpital de Lemera est passé à feu et à sang, laissant morts patients, infirmières, collaborateurs..tous massacrés par les belligérants.    

Ce n’est pas d’ordinaire le genre d’expérience que devrait vivre un spécialiste de la santé, mais cela fait très longtemps que Denis Mukwege n’est plus qu’un médecin. Il s’improvise organisateur humanitaire quand fin 1996, il mobilise le gouvernement Zaïrois et la communauté internationale pour fournir avions, eau et denrées aux 300 000 Congolais et Rwandais battants le pavé sur une distance de 700 kilomètres, en passant par la forêt, de Bukavu à Kisangani, fuyants les tirs de la première guerre du Congo.  

Autant, il devient un sorte de diplomate des sans voix, allant de tribune en tribune, répétant à qui veut bien l’entendre qu’il y a une éradication des Congolais dans l’Est de la R.D.C. Et c’est particulièrement ce message de génocide planifié, cette manière de dire les choses toutes crues, qui gêne les commanditaires des multiples tentatives d’assassinats sur le Docteur-Pasteur. Ses ennemis aimeraient bien qu’il se contente de faire son travail de médecin.

L’homme qui répare les femmes est un témoin gênant, qui déballe ce qu’il voit et pense sans se soucier de qui il pourrait déranger. Il n’hésite pas à avancer que le viol est une arme de guerre au Congo, que ces hommes en armes venus d’ailleurs qui s’acharnent sur l’appareil génital de la femme Congolaise ont un plan bien précis de dépeupler les autochtones du Kivu pour les remplacer par des allogènes.

Ce côté franc parleur et jusqu’au-boutiste a surpris plus d’un, tant ce trait aventurier ne concorde pas avec l’allure bon père de famille sage et responsable de Mukwege. Cette prise de position vient montrer une autre facette de cette personnalité plurielle, en plus d’être médecin et pasteur, il est un citoyen engagé.

Même si il n’a pas un compte en banque de  sept chiffres, Dr. Denis Mukwege sera toujours riche car il a des valeurs à vendre.
 
Guy-Serge Luboya

dimanche 18 octobre 2015

La musique Congolaise des années 60 ou la sociologie sur fond de rumba


L'African Jazz
Je me suis souvent demandé qui pouvait vivre sans musique ? Pour ma part, ce serait très difficile, voire impossible. J’écoute toutes sortes de compositions pour toutes sortes d’occasions.
 
Le chant berce l’esprit, lui donne les capacités d’un avion tant il vous évade ne serait-ce que la durée d’un refrain, les compétences d’une machine à remonter dans le temps, tellement il peut évoquer des souvenirs.

 

Il arrive aussi qu’une œuvre musicale devienne un puissant instrument de changement social. Des musiciens comme Bob Marley, Brenda Fassi, Tupac Shakur ou même Chad « Pimp C » Butler l’avaient bien compris de leurs vivants. Eux qui n’ont cessés de transmettre un message à la masse derrière une métaphore ou entre deux accords de guitare. La vraie musique, on l’entend avec ses oreilles mais l’écoute avec son cœur.  
Ce goût que j’éprouve pour la chanson vient certainement du bagage culturel que j’ai hérité de mes origines Congolaises. Car en effet, chanter et danser sont une tradition en R.D Congo. Depuis les esclaves Congolais, au 18e siècle, profitant du Code Noir sur l’asphalte du Congo Square en Nouvelle-Orléans, jusqu’à l’artiste Fabregas dans son récent tube Mascara, les anciens Zaïrois n’ont jamais perdu le rythme. Cadence qui a influencé toute l’Afrique.
Toutefois, si les musiciens Congolais n’ont pas égarés cette affinité avec la musique, en revanche, ils ont délaissés le côté éducateur de la chose.
Aujourd’hui, hormis les Jean Goubald et Lokua Kanza, rares sont les compositeurs du grand Congo qui traitent de questions sociétales dans leurs œuvres. De nos jours, on vante les vertus de la bière et les ..parties du poisson (longue histoire).
Il faut remonter près de 50 ans en arrière, autour des années 60, pour retrouver la musique engagée dans l’ex-Zaïre. Les chanteurs de l’époque étaient de véritables sociologues, observant leurs contemporains et commentant leurs faits et gestes. Ils n’allaient pas très loin pour puiser leurs inspirations, toutes leurs influences provenaient de la société qui les entourait.
Ainsi, dans un Congo qui manque cruellement de bibliothèques, ces mélodies des anciens sont d’une grande pertinence pour illustrer la société congolaise d’antan.

 
Voici trois incontournables de la chanson Congolaise pour comprendre le Congo d’autrefois et saisir le génie de ses artistes.
 
1.   Indépendance cha cha de Joseph Kabasele (Grand Kallé) et l’African Jazz.
 
Independance chacha vous plonge en plein cœur des tractations pour l’indépendance du Congo entre les nouveaux responsables Congolais et les colons belges.  
Ce qu’il y a de particulier avec cette composition c’est que lorsque l’on parle de plongeon au sein des négociations ce n’est pas qu’au sens figuré mais bien aussi au propre. Effectivement, l’artiste Joseph Kabasele et la troupe African Jazz qui interprète la chanson révolutionnaire, sont tous présents en Belgique lorsque leurs compatriotes politiciens négocient les termes d’un Congo indépendant.
La veille de la signature de l’acte d’indépendance, Thomas Remy Kanza, proche conseiller du premier ministre Patrice Lumumba, propose à Joseph Kabasele de concevoir une chanson qui immortalisera cette évènement. Kanza insiste sur le fait que la musique doit être enivrante car l’orchestre devra la jouer devant public le lendemain. En dernier lieu, Thomas Kanza remet au Grand Kallé une liste de noms des participants à ces discussions afin que le groupe introduise ces patronymes dans la mélodie.
La chanson fût conçue en une seule nuit et devint un succès instantané.Elle est chantée dans les langues nationales Congolaises. Le morceau célèbre la victoire des Congolais et vante la maturité des hommes politiques à avoir parlé d’une seule voix.
 
2.   Mario de Franco Luambo Makiadi
Mario est le personnage central de ce grand succès du rumbiste Franco Makiadi. Ce Mario, est un violent gigolo. Il profite du travail d’une femme amoureuse de lui et n’hésite pas à lui faire subir des sévices corporels lorsqu’il éprouve de grosses crises de jalousies.
Non seulement c’est madame qui paie le loyer, mais Mario veut conduire la nouvelle Mercedes de son amante, lui laissant plutôt le siège passager. De plus, il aime toujours bien paraitre en public et voudrait faire croire qu’il est le seul responsable de ses beaux costumes et de sa belle apparence. Dans ce Congo machiste de l’époque, il ne faudrait surtout pas que l’on apprenne que tout cela est le travail d’une femme. Le greluchon serait vite tombé en disgrâce.
Des femmes qui tiennent les finances et entretiennent des hommes, matériellement parlant, était un sujet tabou dans ce paysage. Pour aborder ce thème et en faire un hit, le parolier Franco a été avant-gardiste et courageux.
 
 3.   Mabele de Sam Magwama
 
Sans peur d’être contredit, on peut affirmer que Sam Magwama était un grand poète. Dans ce titre, il aborde la question de la mort. En effet, Mabele signifie la terre en lingala.
  L’homme de lettres songe à son retour à la terre. Il pense à ses économies quand il a cette réflexion drôle et révélatrice d’une certaine mentalité bien avant les assurances vies, il chante « on veut faire des économies pour être à l’abri une fois vieux. Mais, une fois arrivé à la vieillesse on change d’idée. On se dit, pourquoi ne pas profiter de l’argent qu’on a bien gardé ? Pourquoi laisser cette bourse à des gens qui n’ont pas souffert pour l’avoir ..»
 
Guy-Serge Luboya
Pour en savoir plus sur la création d’independance chacha, voici un court documentaire ;
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

vendredi 16 octobre 2015

Demain l'Afrique : Pour un leadership commun



L’Afrique est une véritable usine de fabrication de sauveurs. Ces hommes et femmes qui, veulent ou doivent, porter sur leurs petites épaules le poids d’une nation entière. Le continent mère déborde d’histoires rocambolesques d’individus affrontant presque seul tout un système. Nous n’avons qu’à penser aux Sankara& Lumumba pour illustrer quelques cas.
Les sauveurs sont adulés des africains épris de liberté et justice. On les admire pour leur courage, leur sens sacrificiel et leur indépendance d’esprit. Les écrivains et réalisateurs ont immortalisées leurs vécus dans des livres et films qui ont connus un grand succès.
Fort de cette promotion, la nouvelle jeunesse africaine veut emboîter le pas à ces héros, et là est tout le problème. Pourquoi recopier une formule qui ne marche pas depuis des lustres ? 
En effet, autant nous admirons les Lumumba, Sankara, et autres, nous nous devons de mettre de côté nos émotions afin de pouvoir revisiter l’histoire sous une analyse à froid. Le constat est simple ; ils n’ont pas réussis. Leurs rêves n’étaient vraiment pas de se faire assassiner à la fleur de l’âge pour ensuite être adulés par des millions d’inconnus à travers le monde. Être un martyr ne devrait être le plan de carrière de personne.
Nos vieux avaient un plan bien défini, une mission à accomplir. Elle s’est soldé par une défaite car ils marchaient très vites sans être vraiment suivis. La lutte a vite pris la forme de leurs visages, et c’était donc ça le piège.
Comment un combat si gigantesque, qu’est la libération d’un peuple, peut-il être personnalisé ?
La faute est partagée. D’un côté par le sauveur, et de l’autre par les appelés à être sauvés. Le premier, incapable de donner au second l’heure juste, d’avouer que sa force a des limites. Le second, dans l’incapacité de se prendre en charge, rejetant constamment sa responsabilité sur le premier.
Cette situation où l’on ne jure que par l’homme providentiel est une mauvaise stratégie. Elle met le leader dans une position d’extrême vulnérabilité et facilite la tâche aux adversaires. Ces derniers n’ont qu’à éliminer le meneur s’ils veulent éradiquer le groupe.
Il y a pourtant des exemples de mouvements qui fonctionnent en groupe. C’est le cas de la confrérie des Frères Musulmans en Égypte. On peut être d’accord ou non avec leurs activités, mais là n’est pas la question. Ne nous attardons qu’à leur style de leadership.
Leur guide suprême est Mohammed Badie, or lors des élections présidentielles Égyptienne en 2012 ce n’est pas le berger spirituel qui présente sa candidature mais un bon et simple disciple du nom de Mohammed Morsi. Ce dernier en prison aujourd’hui, le groupe fonctionne toujours, car Morsi n’a jamais personnifié le combat de ses confrères islamistes.
Il y a d’autres tendances du genre, comme les « Maï-Maï » en R.D. Congo, encore là il y a un leader et des responsables, cependant ceux-ci ont réussis à se fondre dans la masse. Tel que quand on pense au « Maï-Maï » , la première image qui vient en tête n’est pas celle d’un individu mais celle d’un collectif.
L’ancienne génération africaine a été forte à produire des hommes et femmes d’exceptions. Le défi de la nouvelle génération sera de créer des groupes et des systèmes forts.
Car, seuls ces groupes pourront rivaliser à force égale avec les groupes de ceux-là qui hier tournaient autour de l'Afrique pour le diamant, demain le feront pour l'eau.
 
 
Ubuntu : Je suis parce que nous sommes !


Guy-Serge Luboya


mercredi 23 septembre 2015

IM BACK !!


Rebonjour chers lecteurs. Après un été peu productif sur mon blogue, je reprend ma plume et c'est un plaisir de vous retrouver.  


Vous m'excuserez cette paresse estivale, ces deux derniers mois mon temps était partagé entre la gestion de mon entreprise et d'intenses discussions, armé d'un verre de bière à la main, sur des terrasses du grand Montréal. Conversations dont les sujets seront couchés sur papier et bientôt mis à votre disposition. 


Des échanges sur le Christianisme avec des Chrétiens, sur l'Islam avec des Musulmans, ou avec des Athées sur la relève que prend la religion là où l’intelligence humaine trouve ses limites. 


Des réflexions sur le travail, est-il vraiment libérateur ou sommes nous dans une grande plantation ? 


Sur la faim qui tue les Africains. Doit-on laisser le secteur agro-alimentaire dans les mains du privé, constamment soumis aux spéculations de la loi du marché ? 


Sur l'exemple des élections Nigériennes. Et bien entendu, sur la R.D Congo, son potentiel, son peuple, ses leaders, son avenir. 


J'ai aussi fait des découvertes intéressantes, dont celle de Valentin-Yves Mudimbe, un impressionnant savant, professeur à l'Université Duke aux États-Unis. 


Cet homme de savoir, parlant une trentaine de langues, est l'objet d'un long documentaire de 4 heures signé Jean-Pierre Bekolo, intitulé les choses et les mots de Mudimbe.  


Je ne peux conclure sans vous remercier chers inconnus. Quand je regarde les statistiques de ce blogue, vous me lisez du Canada, des États-Unis, du Bénin, du Royaume-Uni, du Mali, de la France, du Congo-Kinshasa, du Kenya et de l'Ukraine. Franchement, cela m'étonne et me motive. 




Un grand merci, 



Guy-Serge Luboya 




mercredi 26 août 2015

Le problème du Congo est très simple


Malgré le rythme accéléré de nos vies et nos multiples activités, parfois on s’arrête un instant, juste le temps d’essayer de comprendre la misère du monde. Cette détresse, il y a certains pays qui l'ont malheureusement hérités plus que d’autres, c’est le cas de la République Démocratique du Congo.

Il suffit d’évoquer le nom de cet état pour penser à ses millions de morts, ses interminables combats armés qualifiés de « grande guerre africaine », ses immenses ressources naturelles spoliés matins, midis, soirs, son élite en exil, sa piètre performance en indice de développement humain etc.

Quand on regarde tous ces problèmes on a l’impression de s’être engagé dans un bras de fer contre un monstre à dix mains, tellement on ne sait par ou les saisir. 

Il y a le Congo dans le collimateur des grandes puissances depuis 1885, année où ils se sont réunis en Allemagne pour partager ce gros gâteau. Ils ont rédigés l’acte de Berlin comme on compose un plan d’affaires de nos jours. Sur la balance de la conscience, le côté inhumain d’asservir les Congolais n’a jamais fait le poids devant le côté business de faire du profit.

Il y a le Congo et ses guerres atroces, conflit le plus meurtrier depuis la deuxième guerre mondiale. Ces combats où s’invite tout le monde, des ADF Nalu au M23, les balles étrangères qui sifflent dans l’est de l’immense pays forcent les enfants à courir pour leurs vies plutôt que le faire pour rattraper un ballon.

Il y a le Congo et ses innombrables parties politiques, qui s’entendent souvent sur le discours mais jamais sur le porte-parole. Où cette soif d’avoir un « titre » n’est étanché que par la création de sa propre plateforme grâce à laquelle on peut s’accaparer le siège présidentiel. Trop immatures pour contenir leurs ambitions personnelles, ils avancent dispersés et désorganisés vers des adversaires tissés serrés et déterminés.

Il y a le Congo et son peuple. Ce dernier a tendance à transporté ses leaders devant le portail de la mythologie pour ensuite mieux se déresponsabiliser. Il ferme les yeux, certes pour prier, mais aussi pour ne pas voir.  

Il y a le Congo et ces multinationales côté à la bourse dont les sièges sociaux se trouvent dans une tour à bureaux de grandes capitales occidentales, mais le terrain de jeux est au Kivu. Ils  vont de spéculations pour créer un semblant de pénurie et ainsi faire monter la valeur du titre. Évaluation qui augmente en même temps que la courbe d’insécurité pour les habitants du grand pays d’Afrique.

Tous ces éléments problématiques ont un seul et même point de rencontre ; la richesse de ce pays. Voilà la simple réponse à toutes ces questions. Tant et aussi longtemps que ce pays sera riche, les prédateurs ne seront jamais très loin. Il ne faut pas espérer qu’ils se réveillent un beau matin et abandonne tout bonnement ce qu’il considère comme leur vache à lait, la nature humaine fait en sorte que l’homme ne change pas si facilement.

Les Congolais n’ont donc pas 36 000 options, il y a la collaboration, le partage ou ..la lutte.


Guy-Serge Luboya




jeudi 30 juillet 2015

Mama Kimpa Vita

Quand j’étais petit on m’a dit que Napoléon était un grand guerrier maîtrisant l’art de la guerre comme personne. Que Christoforo Colombo était un explorateur hors pair à qui l'on doit la découverte de l’Amérique.

Je me rappelle aussi des leçons sur Mandela, homme au grand cœur, symbole du pardon ou de Martin Luther King, dirigeant du mouvement des droits civiques pour les noirs américains qui combattait la haine par l’amour.

Mais curieusement, jamais dans cette période on ne m’a mentionné le nom de Kimpa Vita, ni à l’école, ni à la maison. Je me demande même si ceux censés m’en parler étaient au courant de l’existence de cette jeune femme.

Aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte que Kimpa Vita ne cadrait pas dans ce tableau. C’est vrai, où aurait-on pu placer une femme, âgée d’une vingtaine d’années, révoltée et anticonformiste de surcroît, sur cette photo en compagnie d’explorateur douteux et leaders noirs modérés ?   

Kimpa n’aurait pas pu être au milieu, ni à gauche, ni à droite. Sur cette image, le seul endroit où on aurait pu la cacher..euh..la placer c’est..en arrière.

C’est justement dissimulé derrière toutes ces histoires que j’ai finalement découvert Kimpa Vita il y a quelques années. J’ai été frappé par l’esprit avant-gardiste de cette grande visionnaire. Au début des années 1700 elle tenait un discours qui serait encore d’actualité aujourd’hui.

Kimpa Vita n’était pas une « grande exploratrice », elle n’allait pas chez les autres leur dicter comme vivre leurs vies. Elle était chez elle au Royaume Kongo quand elle a refusée l’endoctrinement de certains étrangers venus du Portugal, voilà tout son crime.

La fille née Kongo, guidée par une mission prométhéenne, avait essayé de mobiliser la masse contre une imposture que ses yeux infrarouges avaient détecté. On ne l’a pas pardonné cet audacieux défi, elle a été brûlée vive en 1706.

309 ans presque jour pour jour après sa mort j’ai pensé à Kimpa Vita. En effet, elle a été dans un coin de ma tête tout ce mois de juillet. D'abord car elle morte en juillet, on a marqué l’anniversaire de son décès entre le 2 ou 4 juillet.

Ensuite, parce que l’Institut Kimpa Vita, une organisation à but non lucratif qui porte son nom, m’avait invité à participer à leur retraite annuelle du mois de juillet autour de la révolutionnaire. 

Mais surtout parce que le 31 juillet est la journée de la femme africaine (www.journeefemmeafricaine.com). 

Je l'appelle « Mama » car elle avait le sens des responsabilités et du sacrifice qui caractérise si bien une mère. 

Mon souhait est qu’en écrivant sur Kimpa Vita, en organisant des recueillements autour de son œuvre, elle ne soit plus éclipsée sur le cliché de l’histoire pour les nouveaux petits.



Guy-Serge Luboya 




Retrouvez l’intégralité de ce texte sur : www.journeefemmeafricaine.com


                                  

samedi 18 juillet 2015

Les grandes femmes

On entend souvent parler des grands hommes qui ont marqués l’histoire. Ils sont le sujet de films ou de Best-seller. Ces destins atypiques fascinent tout le monde, et en particulier les philosophes. 

Bon nombres d’entre eux leurs ont consacrés de grandes réflexions, Hegel en a fait une théorie, Durkheim s’est questionné sur leurs rôles dans ce monde d’hommes simples, Nietzche les surnommes les « surhommes », ou encore, « l’élite du caractère ».

Nos grands messieurs ont bénéficié d’une grande promotion de la part de nos sociétés. Même ceux qui ne s’intéressent pas trop à l’histoire peuvent nous citer quelques grands hommes sans googoler, on a qu’à penser à Soundjata Keita, Mandela, Kennedy, Lumumba, Chavez et tant d’autres.  

Cependant, une question nous interpelle ; sommes-nous en mesure d’énumérer des grandes dames avec autant d’aisance ? La réponse risque d’être négatif, mais pourquoi ?
Ce n’est pourtant pas les grandes femmes qui manquent. Il y a celles qui ont accompagnées ces grands hommes dans le tumulte de leur mission, les cas de Winnie Madikizela pour Mandela ou Pauline Opango pour Lumumba sont édifiants.

Mais il y a aussi celles qui ont étés sur le siège conducteur et non accompagnatrices. C’est le cas de Kimpa Vita, révolutionnaire Kongolaise, meneuse de la révolte contre les impérialistes portugais au Royaume Kongo, brûlée vive un certain 2 juillet 1706 ou celui d’Aoua Keita, sage-femme et militante de la première heure pour l’indépendance du Mali. 

Cette dernière est l’instigatrice de la journée internationale de la femme africaine (JIFA), jour promulguée par l'ONU et l'OUA le 31 juillet 1962.

Nous célébrerons donc le 31 juillet prochain, le 53e anniversaire de cette initiative de Mama Keita. La JIFA tente non seulement de répondre à la question du manque de visibilité des grandes femmes, mais aussi de relayer, inspirer et féliciter le travail des femmes africaines aujourd’hui.

Pour ce 31 juillet 2015, les instigatrices nous réserve plusieurs activités dont des articles et vidéos qui seront publiés sur leur blog, comptes sur les réseaux sociaux et site internet : www.journeefemmeafricaine.com. 

Pour l’équipe de JIFA, la cause de la femme africaine n’est pas qu’une journée par année, c’est un combat de tous les instants, une lutte de longue haleine.

En plus d’honorer des femmes inspirantes, l’organisme défend aussi celles en situations difficiles. Ainsi, il supporte les femmes congolaises victimes de viol au Kivu et les jeunes camerounaises et nigériennes enlevés par Boko Haram. 

Pour ces cas particuliers, l’équipe de JIFA appelle le public à signer des pétitions, participer à des campagnes virales sur les réseaux sociaux et accentuer la pression pour la mise sur pieds d’un tribunal pénal international pour la R.D.C.

Tout ce travail de titan est abattu par trois femmes ; Grace Bailhache, Aurore Foukissa et Caroline Kiminou. 

Quand je vous dis que ce n’est pas les grandes femmes qui manquent..



Guy-Serge Luboya

Portrait : Aoua Keita 



mardi 7 juillet 2015

Mon ami Hugo

Hey, prenez une pause du métro, boulot, dodo
Juste 2 minutes, le temps que je vous parle de mon ami Hugo
Il était le genre à dire ce qu’il pense et penser ce qu’il dit
Le style de caractère qui dérange l’ordre établi

À 36 ans, il échoue un coup d’état
Mais passe à la télévision et réussi un coup d’éclat
Emprisonné pendant 2 ans, il devient une star
Et sort déterminé à poursuivre le combat de Bolivar

Hugo n’était pas le chouchou des grands médias
Parce qu’il passait son temps à dire « yankees de mierdia »
En plus, il avait des mauvaises fréquentations
Il ne se tenait pas avec Bush, Sarkozy et tous ces bons garçons

Le 5 mars 2013 le gouvernement Vénézuélien était en larmes
Mon ami Hugo venait de rendre l’âme
Il aura fallu le mettre dans un cercueil pour le rendre calme
Mais son esprit dans l’air est resté tout feu tout flamme



lundi 15 juin 2015

Panda Farnana : Quand regarder un film devient un devoir de mémoire

Dans l’après-midi du samedi 13 juin au 605 Atwater à Montréal, se tenait une projection-échange autour du film intitulé « Panda Farnana, un Congolais qui dérange ». Une trentaine d’invités étaient attendus pour l’événement, mais c’est finalement une dizaine de personnes qui ont répondus à l’appel. Si la quantité n’était pas au rendez-vous, la qualité, elle, était bel et bien présente. C’est donc en nombre restreint mais enthouthiaste que nous avons entamés l’activité.

L’objectif de la rencontre était de découvrir M. Paul Panda Farnana et nous remémorer son œuvre, lui qui a quitté cette terre des hommes il y a de cela 85 ans. Nous avons atteint notre but par le visionnement de ce documentaire réalisé par Mme. Françoise Levie. Cette dernière, dans un élan de générosité, nous a fait don d’une copie DVD pour la présentation. Copie envoyée depuis la Belgique aux frais de la réalisatrice.

Qui était Paul Panda Farnana ?

Paul Panda Farnana voit le jour en 1888 au tout nouveau Congo-Belge, trois ans à peine après que la conférence de Berlin est délimité les frontières actuelles de l’immense pays de la région des Grands Lacs d’Afrique. Il quitte cependant son Congo natal à 7 ans, amené en Belgique par Jules Dersheid, dirigeant de magasins à Boma.
Derscheid déloge le jeune Panda dans le désir que celui-ci devienne la nounou de son fils de quelque mois. 

Cette version est toutefois contredite par l’écrivain Antoine Kongolo dans son livre « visages de Paul Panda Farnana », l’homme de lettres avance que le déménagement de Panda en Belgique est plutôt dû au fait qu’ « il fit partie d’un groupe d’enfants congolais dont la Belgique entendait se servir, après les avoir nantis d’une formation idoine, pour enraciner la civilisation européenne en terre congolaise. »[1] Néanmoins, Derscheid, sa femme et son fils, décèdent peu après. Arrivé en Belgique le 15 novembre 1895, le gamin Panda est alors pris en charge par la sœur de Jules Derscheid, Louise.

Louise Derscheid est une fervente humaniste, adepte de la pensée de Tolstoï selon laquelle tous les hommes sont égaux. C’est dans cette vision qu’elle éduque Panda, en lui donnant les mêmes opportunités qu’un enfant blanc.

Élève brillant, il complète un cursus scolaire sans tâches. À 19 ans, il obtient son diplôme universitaire en agronomie avec la plus haute distinction.

En mai 1909, agronome depuis 2 ans, il est envoyé au Congo pour y travailler en tant que fonctionnaire de l’état Belge au ministère des colonies. Son contrat d’instructeur de botanique est d’une durée de 3 ans accompagné d’un salaire de 3 000 francs par année.

Son emploi prend une fin abrupte après 2 ans. Il est relevé de ses fonctions par son directeur Belge. Ce dernier donne le poste de Panda à un instructeur blanc, jugeant qu’un noir n’a pas les aptitudes pour être professeur, et qu’il serait plus adéquat qu’il soit seulement surveillant des travaux pratiques. Panda prend congé pour protester contre cette injustice.

En 1914, la grande guerre éclate. M. Farnana est en Belgique et s’engage volontairement dans l’armée. Il est un des 4 noirs parmi les 300 consentants que compte l’armée Belge. Après tout juste une semaine de formation, il est envoyé au front. C’est là qu’il fait la connaissance d’un autre congolais combattant-belge, Albert Kudjabo.

Les deux hommes sont faits prisonniers en Allemagne. Dans les geôles allemandes, Panda se lie d’amitié avec des tirailleurs sénégalais qui combattent pour la France. Étant donné qu’il est le seul lettré, il devient écrivain public. Ainsi, il rédige les lettres que ses amis sénégalais envoient à leurs familles au Sénégal.

L’Union Congolaise

1919, la guerre est terminée et les prisonniers sont libérés. Les combattants congolais retrouvent la liberté. MM. Farnana, Kudjabo, un ex-combattant du nom de Joseph Adipanga, et d’autres compatriotes mettent sur pied l’Union Congolaise. L’Union Congolaise est une association d’ex-combattants et civils originaires du Congo vivants en Belgique.

Influencé par W.E.B Dubois et les organisations afro-américaines pour l’émancipation des noirs, la nouvelle organisation a pour mission d’organiser le développement éthique et psychique du congolais.

De ce pas, en tant que secrétaire générale du jeune organisme, Panda Farnana est invité à prendre la parole au premier congrès colonial national au sénat Belge en 1920.

Un an plus tard, l’Union Congolaise, à travers son représentant Panda, intervient dans l’affaire Simon Kimbangu. Le religieux est accusé de sédition et condamné à la prison à perpétuité. Panda Farnana insiste en vain auprès de l’administration coloniale pour que la peine infligée à Kimbangu soit revue.

En 1929 l’Union Congolaise poursuit ses activités pendant que Panda Farnana retourne au Congo. De nouveau dans son pays, il y construit une école dans son village natal.

Il meurt un an plus tard, à 42 ans, dans une situation mystérieuse. La légende veut qu’il ait été empoisonné, tantôt par un cousin, tantôt par l’administration de la colonie.

Devoir de mémoire

L’échange qui a suivi la projection était plein d’émotion. Les questions et commentaires des uns et autres étaient différentes sauf une ; comment se fait-il qu’au Congo on ne parle pas d’avantage de ce monsieur ? Car, normalement, c’est à l’état de remplir son devoir de mémoire, cette notion qui voudrait que le gouvernement rappelle au peuple les injustices qu’ont subies leurs compatriotes. En attendant qu’il prenne ses responsabilités, nous étions une dizaine à faire notre devoir.

Guy-Serge Luboya



[1] Antoine Tshitungu Kongolo, Visages de Paul Panda Farnana, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 21.






mardi 9 juin 2015

S'habiller pour survivre

Avez-vous déjà entendu parler de la 
« sapologie » ? Non, ce n’est pas l’étude qui mène à l’obtention du diplôme de sapeur-pompier. Ce n’est guère non plus une science rare enseignée à la Sorbonne ou à Harvard.

Cela n’empêche pas les théoriciens de la sapologie d’être reconnus mondialement. En 2014, ils sont les vedettes d’une publicité de bière de la brasserie Irlandaise Guinness. La réputée chanteuse Solange Knowles fait aussi appel eux pour un de ses vidéoclips. 

La sapologie, c’est le ce terme inventé par les « sapologues », statut dont se revendique des individus mettant l’habillement en tête de liste dans leur catalogue de valeurs. Au diable la pyramide de Maslow, si ventre affamé n’a point d’oreille, il a au moins une belle cravate.

Les sapologues ne rigolent pas avec la sape. Il y a des guerres fratricides entre adeptes de la mode. Untel publie une vidéo sur le net pour exposer un autre qui n’a pas assez bien agencé ses couleurs ou porte des copies conformes. Parfois même, ils en viennent aux poings. S’accusant mutuellement d’avoir mentis sur le prix d’un blouson ou d'une paire de chaussure.

Il arrive que les affrontements prennent une dimension spirituelle. Car oui, les sapologues ne sont pas athées, mais n’allez pas croire qu’ils sont convertis aux religions dominantes, ça serait mal les connaitre, ils ont beaucoup trop d'originalité pour ça. En fait, la seule connivence entre leur croyance et les grandes traditions religieuses abrahamiques, est le monothéisme.

Effectivement, tenez-vous bien, nos hommes tirés à quatre épingles ont leur propre Divin, le Dieu de la sape. Ce dernier est invoqué en cas de difficulté vestimentaire ou pour troubler un adversaire.

Vous lisez ces lignes et vous avez envie de rire, vous n’êtes pas le seul, l’auteur de ce texte aussi. Mais, une petite recherche dans l’existence de nos sapologues nous enlève notre sourire moqueur pour le remplacer par un regard attristé.

Car malgré ces tenues aux couleurs vives, la vie n’est pas aussi rose qu’ils aimeraient nous faire croire. La majorité d’entre eux s’habillent au-dessus de leurs moyens, leurs gagnes pains ne pouvant supporter ce goût pour la luxure.  

Alors, comment font-ils pour être toujours bon chic bon genre ? Bien souvent de la gestion de priorités version sapeur. C’est-à-dire, couper dans les besoins essentiels pour investir dans le textile. Tous ceux qui connaissent un peu le milieu de la sape sont au courant du mythe de l’homme griffé qui dort à même le sol dans un logement insalubre. Le paradoxe est poignant et vient nous prouver une fois de plus que tout ce qui brille n’est pas or.

Je vois venir votre prochaine question ; mais pourquoi se donner tant de mal rien que pour s’habiller ? C’est parce qu’on ne parle plus d’habillement ici, on est à mille lieues de la mode. On est davantage dans la quête du bonheur, d’estime de soi. Cette recherche aveugle de bien-être force le sapeur à ne plus s’apercevoir du tort que la sapologie crée dans sa vie.

Bien qu’il puisse y avoir une certaine admiration pour le côté extravagant de la chose, la sapologie est une véritable pathologie qui nécessiterait des centres d’aides, et dont il ne faut surtout pas prendre à la légère.

Le sapologisme devient ainsi comme l’alcoolisme. Si les grands buveurs trouvent leur réconfort au fond d’une bouteille de Bacardi, les grands sapeurs se consolent dans un costume trois pièces signé Jean-Franco Ferre.  

Par ces moments de richesse éphémères et ces défilés de mode permanents, les sapeurs ont trouvés le chemin par lequel ils veulent fuir leur quotidien.

Le souci, c’est que la réalité est patiente. Elle vous attend toujours tranquillement après que le véhicule de l’illusion vous ai fait faire un cul de sac.

Guy-Serge Luboya




  

Kalala, un nom qui lui allait si bien