mardi 16 février 2016

#YEBELA


Calme de ville morte sur le boul du 30 juin en ce 16/02/16. 
Yebela est un mot en Lingala, au ton autoritaire, s'adressant à la 3e personne du singulier. Ce terme est fort de sens et démontre une manière très « kinoise » d'avertir quelqu’un, de le prévenir pour son propre bien.

 

Il y a des expressions comme ça que la traduction ne peut expliquer. Traduire Yebela en français donnerai « sache-le ». Mais sache quoi ? Eh bien voilà la nuance linguistique. Dans le monde lingalophone, quand vous dites yebela, vous n’avez point besoin de rajouter d'autres mots pour compléter la phrase. Celui qui a dit, a tout dit. Celui qui a compris, a tout compris. C'est cette intensité entre les deux interlocuteurs que l’interprétation ne pourra jamais saisir.

 

Parlons d'intensité, c'est paradoxalement qu'elle est au rendez-vous en cette de journée « ville morte » au Congo. En effet, aujourd'hui 16 février 2016, les congolais ont entamés une grève générale, du moins dans la capitale, Kinshasa. Énième moyen de pression pour forcer le président sortant Joseph Kabila à respecter la constitution en quittant le pouvoir à la fin de son présent mandat.

 

Mais yebela n'est pas qu'à l'adresse de Joseph Kabila, yebela est un cri du cœur des congolais au monde entier. Sachez-le ! Sachez que les congolais ont changé. Sachez que le Congo qu'on appelait jadis  « le royaume du silence », à l'époque colonial, est devenu bruyant. Sachez que la jeunesse congolaise comprend les tours de passe-passe du pouvoir et des faux opposants. Sachez qu'il y a maintenant des politiciens dignes et intègres dans ce pays. Sachez que les congolais ne se laisseront plus faire par les envahisseurs, plus imposer un chef d’état par la communauté internationale. Sachez que les élans tribalistes n'arriveront plus à diviser les uns pour donner le règne aux autres.

 

Sachez qu'un proverbe africain dit ; 99 jours pour le voleur, 1 jour pour le propriétaire. Que ceux qui s'enrichissent grâce au chaos dans le Kivu auront des comptes à rendre au centième jour.

 

À tous ceux qui doutent encore de l'auto détermination du peuple congolais, je vous dis, yebela !

 

Guy-Serge Luboya

 



lundi 1 février 2016

Apprenez une langue africaine à Montréal dès le 8 février: entrevue avec Guy-Serge Luboya

En entrevue avec Afrikcaraibmontreal, M.   Guy-Serge Luboya, fondateur et directeur de l’école des langues africaines ELA jambo, présente son école, dont les cours de la session hivernale démarrent le 8 février prochain.

Bonjour M. Guy-Serge Luboya, vous êtes le fondateur et le directeur de l’école des langues africaines, ELA jambo. Pouvez-vous nous présenter les langues qui y seront enseignées à la session hivernale qui débute le 8 février 2016?

Bonjour Afrikcaraibmontreal et merci pour votre question. Au total, nous offrons sept langues cette session: wolof, swahili, bambara, lingala, bassa, tshiluba et kikongo. Mais, c’est beaucoup plus que sept langues que nous offrons, c’est sept façons différentes de voir le monde, sept voyages au cœur des concepts qui font la beauté et la complexité des langues africaines.

Quels sont les professeurs qui enseignent ces langues?


Tous des locuteurs natifs: des Africains et Africaines de la diaspora montréalaise qui ont un grand souci pour leur continent d’origine. Certains sont enseignants de formation, d’autres; artistes, et nous avons même des ingénieurs. Bien que de parcours différents, ils ont en commun cette passion pour la préservation et la promotion des langues africaines. Quand ils enseignent, ils sont habités par une envie de dépassement. Ils comprennent que c’est beaucoup plus qu’un cours de langue qui se joue, c’est la réappropriation et la valorisation de toute une culture.

Quels sont les différents niveaux d’enseignement qui sont proposés?

L’école ELA jambo compte six niveaux: débutant 1 & 2, intermédiaire 1 & 2 et avancé 1 & 2. De plus, il y a un septième niveau hors programme : l’immersion. Nous accompagnons l’élève des balbutiements jusqu’à la maitrise de la langue. Au fur et à mesure que le niveau avance, l’enseignant délaisse le français comme langue d’enseignement pour le remplacer par la langue enseignée.
Après tout ce cursus, le projet final est l’immersion. Intégrer le milieu où se parle la langue qu’on a apprise. Mais, je ne peux vous en dire plus pour l’instant, cela reste un secret pour les étudiants qui se rendront jusqu’à cette étape.
 
Combien de places sont disponibles pour la session hivernale?

Nous avons 70 places disponibles pour cette session d’hiver 2016, soit 10 places par cours. Nous privilégions des classes de dix personnes pour accentuer la conversation et l’interaction entre apprenants.

ELA jambo existe depuis septembre 2012. Quel est le profil de vos élèves jusqu’ici?

Un peu de tout. Les jeunes Africains qui n’ont jamais eu la chance d’apprendre la langue de leurs parents. Ils redécouvrent leur identité, et s’assure qu`à leur tour, ils apprendront à leurs enfants la langue apprise à ELA jambo. Des gens, venant de toutes origines, en couple avec un(e) Africain(e) qui veulent apprendre la langue de leur partenaire. Des linguistes, des journalistes, des travailleurs humanitaires, des anthropologues..

Où se situe votre école?

Nous sommes situés au 605 Atwater, en plein Sud-Ouest de Montréal à 10 minutes du centre-ville. ELA jambo est à deux pas du métro Lionel-Groulx, donc très accessible en transport en commun. L’école est aussi bien placée pour les automobilistes, car il y a beaucoup de places de stationnement autour.

Propos recueillis par Ansou Kinty
Plus d’infos: http://elajambo.com/1 514-501-7354
Source : http://www.afrikcaraibmontreal.com/apprenez-une-langue-africaine-a-montreal-des-le-8-fevrier-entrevue-avec-guy-serge-luboya/
ELA jambo en classe
Une salle de classe ELA jambo
crédit photo: ELA jambo

Kalala, un nom qui lui allait si bien