dimanche 30 décembre 2018

« Vous tous là-bas, regardez le Congo…»




« Vous tous là-bas, regardez le Congo…», c’est par ces mots que débutait le réquisitoire d’un jeune activiste-artiste congolais, armé de courage, dans la rue face à des policiers de son pays. 

Le jeune militant s’était alors lancé dans un plaidoyer plein de bon sens avant d’être arrêté par les forces de l’ordre. La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux et a ému plus d’un.

En effet, il ne faut pas cesser d’attirer l’attention sur le Congo. Pendant des siècles, le monde a regardé le Congo pour les mauvaises raisons : accaparer ses ressources. Si le citoyen occidental moyen ne peut situer le Congo sur une carte, ses dirigeants connaissent le pays-continent par cœur. 

C’est que le Congo est intimement lié aux grands événements qui ont bouleversé notre planète. Que ce soit pour des projets créatifs comme le développement de la musique aux États-Unis ou l'inspiration derrière le célèbre Mickey Mouse de Walt Disney, que ce soit pour des projets technologiques comme la venue du téléphone intelligent, ou pour des plans plus sinistres comme le projet Manhattan qui aboutira à la création de la bombe atomique lancée sur Hiroshima, on retrouve la trace du Congo partout. 

Longtemps, on a regardé le Congo sans y voir les Congolais. Les yeux axés sur les profits, on y a vu que le Congo des ressources. Dans cette logique, les multinationales ont eu plus de poids que les institutions, les actionnaires plus que les élus et les proches du pouvoir plus que les citoyens ordinaires.

Aujourd’hui, 30 décembre 2018, jour de la troisième élection de l’histoire du pays, il serait sage de renouveler la manière de regarder le Congo, il faudrait finir par voir qu'il y a des gens qui y vivent. Des gens comme tout le monde, qui aspirent, eux aussi, à être maîtres de leurs destins. Leur sang ne peut plus être le carburant d’un moteur économique. Leurs parcelles ne peuvent plus servir de terrains d’affrontements pour tous les chercheurs d’or.

Toute patience ayant ses limites, c’est un modèle d’affaires qui ne tient plus à la veille d’entamer l’an 2019.

Et non, il ne s'agit pas d'une guerre ethnique. Non plus, d'un petit dictateur qui veut à tout prix rester au pouvoir pour s'enrichir.  Les raisons sont plus obscures, les forces sont plus redoutables. Il s'agit ici de l'obstination dans la non-reconnaissance aux Congolais, des principes fondamentaux qui constituent un être humain : le droit de se gouverner, le droit de disposer de son coin de terre, le droit à l'autodétermination. 

Après une parodie d’élection sous une organisation des plus chaotique, le Congolais se rend compte que la voie démocratique est une avenue bloquée sur son sol. Il faut donc faire demi-tour et s’en remettre à la constitution, elle est la boussole qui permet de retrouver son chemin, car elle prévoit toutes les dispositions pour protéger son vote.

Les mentalités changent et la situation évolue au pays de Lumumba. Étant donné que nous sommes presque tous, dans une certaine mesure, reliés à ce pays, je vous conseille à vous tous là-bas, de regarder le Congo.


Mayamba Luboya

samedi 10 novembre 2018

Mon Afrique va craquer



En Afrique, la démocratie on y croit...jusqu’aux élections. 

Paradoxal, mais bien réel, le jour de la proclamation des résultats est un véritable lendemain de veille, une douche froide pour les derniers idéalistes. 


Récemment, le triomphe de Paul Biya au Cameroun, avec un « score africain » de 71% des voix, vient rappeler aux plus naïfs d’entre nous que les élections dans bons nombres de pays africains ne sont qu’un dîner de cons, ou si vous préférez une formule moins grossière, une marche santé pour de millions d’électeurs. 

Au pays de Roger Milla, le principal challenger du président sortant, le Dr Maurice Kamto, réclame timidement sa victoire par des vidéos diffusées sur le net, où l’avocat de formation plaide sa cause, documents à l’appui, prenant la communauté internationale pour jury. 

Son dircab durant la campagne présidentielle, le très bouillant Paul Éric Kingue, n’a cessé de crier sur tous les toits que 32 procès-verbaux, représentants 1 300 000 votes, n’ont jamais été signés, sont donc illégaux. 

Que de guerres lasses, que de prêches dans le désert. Comment gagner un procès lorsque le jury est corrompu, et que l’accusé et le juge sont blanc bonnet, bonnet...

Nous nous retrouvons ainsi devant cette question que se posait Lénine : que faire ? 

Une interrogation désormais panafricaine, tellement elle trotte dans l’esprit de plusieurs devants une injustice semblable. 

Non loin du Cameroun, en R.D. Congo cette fois, le président sortant Joseph Kabila, lui aussi, rit dans sa barbe grisette. C’est qu’il prépare le coup du siècle : il ne briguera pas un troisième mandat, mais compte bien installer son propre YesMan au Palais de la Nation. En effet, au soir du 23 décembre, jour de la 3e élection de l’histoire du pays, le pouvoir congolais tentera de faire avaler à ses concitoyens qu’ils ont votés massivement pour son dauphin, Emmanuel Shadary. Un monsieur qu’ils ne connaissaient pas il y a à peine trois mois, un technicien au charisme d’une feuille morte. 

Les opposants politiques les plus sincères savent au plus profond de leur conscience qu’en cas de hold-up électoral, leurs recours sont limités. Très souvent, si la communauté internationale s’en mêle, c’est qu’on ne pourra payer la facture sans y laisser une partie de son âme.  

Les politiques sont donc devant un cul-de-sac. Mais, dans cette route du désespoir, la rue reste le joker de ce jeu dangereux, la rue peut faire halte aux grands de ce monde, la rue peut bloquer le chemin aux ivres du pouvoir. 

Parce que nul n’est au-dessus de la loi, la rue peut se faire justice.  

Dans cet écosystème cynique, comme la nature, la rue reprendra ses droits.  

À l’instar des cités en France, je sens que mon Afrique va craquer.



Mayamba Luboya 

mercredi 26 septembre 2018

Harlem : Grandeur et Décadence


Des résidents de Harlem en 1943
Pendant longtemps, Harlem a été le centre spirituel du monde afro-américain. Ce Harlem, telle une terre promise, où les Noirs allaient au cinéma à l’époque où ceux du sud des États-Unis vivaient sur le qui-vive. Là où les afro-descendants respiraient ce vent de liberté qui leur permit d’exprimer toute leur créativité.


Le Harlem où Marcus Garvey, campé sur un coin de rue, y électrisait les passants avec ses discours-fleuve. Le Harlem de Malcolm X, là où le jeune prédicateur y arpentait les allées pour convertir ses compatriotes en membres de la Nation Of Islam.

C’est toujours dans ce Harlem que le président Thomas Sankara tenu mordicus à s’y rendre pendant son séjour New-Yorkais afin d’y rencontrer la communauté. Le Burkinabé le plus célèbre prononça ensuite cette formule restée dans les esprits, « notre Maison-Blanche se trouve dans notre Harlem Noir ». À une époque très discriminatoire, Harlem faisait donc office de « Washington parallèle » pour les laissés pour compte sous le drapeau le plus puissant du monde contemporain. 

Hasardeusement, la sélection naturelle a voulu que Harlem présente un taux élevé de fibre entrepreneuriale. En effet, de Puff Daddy à Dame Dash, et j’en passe, le quartier a été le berceau de plusieurs têtes de l’élite entrepreneuriale afro-américaine. Comme si l’art des affaires s’absorbait dans l’air à Harlem. Partis de rien, ces hommes et femmes ont bâti des entreprises qui ont façonné le paysage économique américain et fait la fierté de leur groupe.

Mais, les entrepreneurs qui ont réussi légalement ne représentent qu'un côté de la médaille. La grande majorité de ces jeunes dotés d’un énorme potentiel d’entreprendre, qui auraient pu devenir les nouveaux industriels du pays, ont été ramassés par la séduction maléfique de la rue, trop tentante dans ce piège à con que sont les ghettos américains.

Ainsi, ceux qui auraient pu devenir PDG d’une entreprise « top500 » du magazine Fortune, ont terminés drogués, emprisonnés, et souvent, morts.

C’est les cas de Guy Fisher et Richard Porter. Le premier est emprisonné depuis 1984 pour trafic de drogue. Dr Fisher a complété un doctorat en sociologie en prison. D'ailleurs, une pétition pour sa remise en liberté circule actuellement sur internet. Le second a eu moins de chance, « Rich », comme le surnommait ses proches, a été assassiné par un de ses acolytes.

La dernière fois que j’ai été à Harlem, c’était en septembre 2017. J’ai été frappé par la souffrance sur les visages des gens et les nombreuses personnes aux prises avec un trouble mental évident. Harlem la Belle a perdu de son charme. 

Espérant qu’elle ne perdra pas son âme..



Mayamba Luboya 


jeudi 13 septembre 2018

« Kibongai », le mal congolais


Les leaders de l'opposition Congolaise en reunion à Bruxelles

Kibongai est un terme Kinois, un argot inventé, comme beaucoup, par le milieu populaire de la ville de Kinshasa, capitale de la RDC. 

Ce mot est une autre création de l’imagination débordante et du sens de l’humour légendaire des jeunes citadins congolais. Le mot se prononce Ki-bo-ngaï



En lingala, langue vernaculaire en RD Congo, Ki est un préfixe, ainsi, précédant un mot, il vient en formuler un autre qui à son tour devient un dérivé du radical. Ce second mot débutant par ki indique la « personnalité » du premier. Exemple, « Mwasi » signifie femme, kimwasi désigne donc la féminité. « Mobali » se traduit homme, kimobali veut alors dire masculinité, et ainsi de suite.

Bo, est un autre préfixe. Il désigne lui aussi le caractère du mot qu’il précède, exemple, solo signifie « vrai », bosolo veut dire « ce qui est vrai », la « vérité ».  

Ngai signifie, moi.

L’expression kibongai compte donc un double préfixe. On peut interpréter Bongai par « ce qui est moi », et ensuite, kibongai, par le « caractère de ce qui est moi ».

Traduire, c’est trahir dit-on, cette interprétation de kibongai est le rapprochement le plus près que l'on peut concevoir dans la langue de Molière.  


Toutefois, ce que kibongai veut véritablement dire dans l’esprit Kinois c’est : rien que moi. Le kibongai est à mi-chemin entre un fort besoin de reconnaissance et le ressentiment d’une jalousie. Ce n’est pas seulement le besoin d’être au-devant de la scène, c’est vouloir être seul sur scène, carrément être le spectacle. C’est une mentalité de compétition malsaine et destructrice. Elle est sournoise puisque omniprésente dans les communautés congolaises. 


Des musiciens aux politiciens, en passant par les pasteurs, le kibongai n’exclut aucun groupe, il ne discrimine aucune classe sociale. 


Le kibongai est un long héritage de la vieille stratégie coloniale de diviser pour mieux régner et de la culture de l’homme fort qui prévaut en Afrique. Dans cette tradition, il n’y a de place que pour les premiers, les autres étant souvent effacés de la mémoire collective. Qui se rappelle encore de Mpolo et Okito ? Eux qui ont pourtant subi le même sort atroce que Lumumba. Qui peut nommer, sans googler, le numéro 2 des grands partis politiques en RDC ? 


Ennemi redoutable, souvent négligé, le kibongai est la bête noire de la classe politique congolaise. C’est d’abord lui, bien avant les facteurs externes, qui bloque la gâchette de l’Afrique si chère à Frantz Fanon. 


Les concepteurs de ce jargon ne sont donc pas allés chercher bien loin pour en trouver l’inspiration. Le premier citoyen du pays pendant 32 ans en était un parfait exemple, « après moi, le déluge », scandait le président Mobutu, qui ne croyait pas si bien dire. Mais, le Maréchal n’est pas le père de cette pensée. Bien avant lui, le M.N.C, premier parti politique national du Congo, espoir de tout un peuple, se disloquait peu de temps après sa conception, victime d’une guéguerre de leadership. Là encore, le kibongai avait frappé. 


Tous les membres étaient pourtant convaincus de la nécessité de sortir de la colonisation, tous, ou presque, aimaient le Congo profondément, mais les choses se compliquèrent lorsqu’il fallut s’entendre sur la direction de l’organe. Il s’agissait de la première fois, et non la dernière, que le patriotisme congolais perdait sa bataille contre l’égoïsme traditionnel.  


Encore aujourd'hui, s’il y a près de 700 partis politiques au Congo, ce n’est vraiment pas parce qu’il y a 700 idéologies distinctes. La vérité, c’est qu’il y a 700 égos à nourrir. 


La nouvelle classe de dirigeants se retrouve devant un défi majeur, qui a eu gain de cause sur leurs aînés. 


« Le Congo est grand, il demande de nous de la grandeur », dixit Patrice Lumumba.


Mayamba Luboya 

mardi 4 septembre 2018

Tradition congolaise et Rastafarisme, la connexion spirituelle...

La spiritualité est une expérience intime, un marathon plutôt qu’un sprint, un des rares chemins où la route est autant importante que la destination. 

La spiritualité est propre à un peuple, avec son repère de pensée et ses représentations divines.

De ces éléments, et avec un consensus au sein de sa communauté, l’être spirituel rassemble les bases de ce qui constitue sa religion. 

S’il y a tant de religions, c’est parce qu’il y a tant de peuples. Les Luba du Congo appellent Maweja Nangila l’être suprême que les Maures de Mauritanie appellent Allah.

Dans la tradition de certaines collectivités du bassin du Congo, « Nganga », un mot en lingala, signifiait connaisseur, voyant, guérisseur. J’écris « signifiait », car le nom a hérité d’un équivalent de plus depuis le contact avec les colonisateurs.  En effet, aujourd’hui, Nganga signifie aussi « sorcier ». Même que ce dernier synonyme a pris le dessus sur tous les autres.

Pourtant, d’un regard étymologique, le terme Nganga n’a aucune racine de sorcellerie. En fait, Nga signifie Moi, Nganga veut donc littéralement dire « MoiMoi ». Une représentation pour désigner le moi intérieur, le moi supérieur, le moi spirituel. Le Nganga était donc celui censé avoir une connaissance profonde de son âme, d’où son rôle de guérisseur parmi les siens. 

D’ailleurs, la traduction lingala de médecin est « Monganga », dont Nganga en est la radicale et qui signifie fidèlement : celui qui est « MoiMoi », que l’on peut interpréter par celui qui est guérisseur.

Le Nganga d’antan pratiquait le Nkisi, un exercice mystique afin d’opérer ses visiteurs. De nos jours, Nkisi est associé au mot fétiche. Parce que le lingala compte plusieurs mots polysémiques, curieusement, Nkisi veut aussi dire médicament.  Ce qui nous renvoie encore une fois à la posture du Docteur. 

Ce qui est encore plus étonnant est de retrouver la notion de Nganga en plein cœur du Rastafarisme. Le Rastafarisme, une religion issue de la Jamaïque, prophétisée par Marcus Garvey au début du 20e siècle et galvanisée par Bob Marley près de 50 ans plus tard.


Les croyants de Ras Tafari suivent trois concepts fondamentaux, et une de ces trois doctrines est l’« I and I » (Moi et Moi). Force est de constater qu’ « I and I » n’est que la version anglophone de Nganga. Les « Rastas » définissent l’ « I and I » comme étant « Jah (Dieu) est en chacun ».

Le Rastafarisme n’a pas fait de copier-coller sur la tradition congolaise, il a découvert ce principe grâce à sa propre inspiration spirituelle. 

Il est frappant de voir qu’à des siècles d’intervalles, dans des environnements bien différents, deux communautés arrivent exactement à la même conception de l’esprit.

Il y a là, sans l’ombre d’un doute, entre la tradition congolaise et le Rastafarisme, une connexion spirituelle. 



 



Mayamba Luboya

mercredi 9 mai 2018

R.D.CONGO : L’identité du cœur


La constitution de la République Démocratique du Congo est tranchée sur la question identitaire, elle stipule ceci : « En ce qui concerne la nationalité, le constituant maintient le principe de l’unicité et de l’exclusivité de la nationalité congolaise. » C’est-à-dire que toute naturalisation sous d’autres cieux fait d’un citoyen congolais, de facto, un non-Congolais.

Lorsque l’on compte les millions d’individus qui ont eu à quitter ce pays larme à l’œil, afin de fuir la guerre, le chômage, la misère et j’en passe, pour embrasser la citoyenneté de leur pays d’adoption, en comprend vite que par ce bout de texte législatif, la République a déshéritée bon nombre de ses enfants.

Une situation injuste pour les exilés et leurs descendants nés dans la diaspora. En effet, comment pénaliser ceux qui ont été contraints de partir la mort dans l’âme ? Leur seul crime aura été d’avoir échappé aux flammes d’une maison en feu…

En mode « sauve qui peut », les professeurs, les médecins, les avocats et autres professionnels ont été les premiers à prendre la poudre d’escampette. À la recherche d’horizons plus prometteurs, ils ont prouvé leur savoir-faire ailleurs, se sont accommodé dans leur nouveau confort, et il est devenu alors très difficile de rentrer au bercail…

Un curieux hasard, car une élite en exil, hors d’état de nuire, a toujours fait l’affaire des dominants impérialistes et de leurs sous-fifres locaux transformés en dictateurs.

En effet, cela ne date pas d’hier, déjà à l’époque de la colonisation belge, les exploitants se plaisaient à répéter « pas d’élite, pas de problèmes ». C’est ainsi que dans les années préindépendance, les 500 prêtes formés au grand séminaire — l’équivalent d’une formation universitaire — n’avaient pas le droit de s’impliquer dans le débat politico-social de ce Congo indépendant en phase de voir le jour et avec un besoin pourtant si criant d’intellectuels congolais.

C’est encore par cette logique grossière d’isoler les cerveaux que l’administration coloniale poussa l’audace à son paroxysme en expulsant du Congo le jeune Thomas Kanza, premier universitaire-laïc congolais, à son retour sur la terre de ses ancêtres, après des études en Belgique.

Les Congolais, comme bien d’autres, ont goûté à la schizophrénie des super puissances : le syndrome du pompier pyromane. Dans un premier temps, ils allument l’incendie dans votre domicile, et subséquemment, comme par magie, ils vous ouvrent grand les bras la porte de leur demeure. Comment expliquer que les États-Unis, ceux-là mêmes qui ont comploté pour assassiner Patrice Lumumba avec des plans des plus sordides, les mêmes qui ont soutenu sans vergogne la dictature de Mobutu, ont au même moment, reçu les intellectuels victimes de ce même despotisme en les donnant grands accès aux titres d’enseigner dans leurs universités : les cas de Marcel Lihau et Yves Mudimbe en témoignent.

Les intellectuels restés au pays deviennent « de services », et les plus illustres disparaissent dans des conditions des plus ambigües : les cas de Samba Kaputo et Katumba Mwanke sont notoires.

Bien entendu, cet article sur la nationalité congolaise devra être ajusté quand cette constitution sera revisitée par les prochains gouvernants.

En attendant, aux Congolais dépossédés, il restera toujours leur patriotisme. Car on peut sortir le patriote de la patrie, mais jamais la patrie du patriote.

Le patriotisme est une maladie incurable, il est un concept beaucoup trop chargé d’émotions pour qu’il puisse se faire et se défaire simplement par des formules administratives.

On ne peut pas effacer des siècles d’histoires de famille sur une terre parce qu’une génération a dû la quitter. « *Eza likambo ya mabele » vous diront les principaux concernés.

Car peu importe les manœuvres de changement constitutionnelles, peu importe où on va, savoir d’où on vient c’est connaitre l’identité de son cœur.



Mayamba Luboya

*C’est une affaire de terre. Traduction libre du lingala.

dimanche 1 avril 2018

La révolution inachevée de Chad « Pimp C » Butler…

Chad « Pimp C » Butler en spectacle. 

Né Chad Butler en 1973 dans le sud des États-Unis, le monde, surtout celui du hip-hop, l’a plutôt connu sous son nom de scène : « Pimp C ». 

Rappeur talentueux, pas nécessairement le plus poétique, mais assurément un des plus sincères, Pimp C a fait danser bien des gens par ses rimes profondes, sa voix chantante et son accent « country » qui trahissait ses origines sudistes.

Comme plusieurs rappeurs des US, il était issu d’un milieu modeste et comptait un passé tumultueux rempli d’activités illicites. En fait, Pimp C appartient à cette longue lignée de jeunes de quartiers désœuvrés en proie à la criminalité, qui ont eu pour salut la musique rap comme agent de réintégration sociale.

À la fin des 80, avec son acolyte de toujours, le chanteur « Bun B », le duo forme le groupe UGK qui deviendra une référence dans le milieu hip-hop et une inspiration pour les rappeurs venants du Sud.

À ses débuts, les mélodies de Pimp C sont composées d’expériences de trafic de drogues, proxénétisme et de toutes ces choses qui font courir un loubard : argent, femmes et pouvoir.

En somme, mis à part son charisme indéniable qui le démarque de la masse, Pimp Chad, est un rappeur comme les autres. Rappeur typique jusqu’à un certain jour de janvier 2002 où un fâcheux incident l’envoie derrière les barreaux…


La prison et le réveil spirituel

À quelque chose malheur est bon, dit-on. Comme Malcolm X avant lui, l’élévation de l’esprit de Chad Butler se fera dans l’adversité entre les murs d’un pénitencier. En janvier 2002, il est arrêté pour non-respect des conditions de probation et possession d’arme après une altercation dans un centre commercial.  Il écope d’une sentence de huit ans, et en fera finalement quasiment quatre.

Pour rester loin des nombreux problèmes de la vie de prisonnier, il travaille à la bibliothèque de l’établissement, et y passe le clair de son temps.

À sa libération en décembre 2005, c’est un homme nouveau qui revoit le soleil. Pimp C semble avoir compris des principes durant son isolement et est animé d’une volonté de puissance, mais ne sait par où commencer.

Peu de temps après avoir repris sa liberté, il réalise la chanson « Living this life », où il manifeste son désir de changement. Toujours dans le même titre, il évoque avoir lu « l’équivalent de quatre bibliothèques », et en profite pour ridiculiser ce mythe raciste qui voudrait que lorsque l’on veut cacher quelque chose à un noir il faille le mettre dans un bouquin.

Le chanteur va jusqu’à citer certains des livres qui l’on marqués dont : Behold a pale horse, The 48 laws of power et Secrets societies of America.    

Il entreprend aussi, petit à petit, de délaisser son surnom « Pimp » pour un autre moins péjoratif.


Pimp C attaque ses pairs

Chad Butler se fait de plus en plus critique de ses propres frères de micro. Il reproche à beaucoup de rappeurs de ne pas être éveillés et de tomber dans le jeu des maisons de disques. En effet, pour fins de concurrence, jalousie ou autre, beaucoup de rappeurs se détestent et maintiennent d’intenses rivalités qui frôlent la menace de l’intégrité physique.

Pour Butler, ce sont les grandes sociétés gérantes de ces rappeurs qui alimentent et maintiennent ce climat afin d’éviter la collaboration des artistes et l’autogestion de leurs carrières.

Dans un effort d’autodétermination, il réussit à réconcilier plusieurs rappeurs et tente de les convaincre de l’importance de l’unité pour devenir maître de leurs destins.

Mais, Butler ne s’arrête pas là, il tire à boulets rouges sur l’élite du hip-hop.

Le 24 juillet 2007, en entrevue dans une radio d’Atlanta, la 107.9, les auditeurs ont droit à un Chad Butler surexcité.  L’homme, visiblement énervé, accuse de grands noms du hip-hop d’êtres menteurs et hypocrites. En plus d’écorcher quelques personnalités du milieu comme le producteur Russel Simmons et les artistes Young Jeezy et Ne-Yo, il affirme détenir des informations accablantes sur certains grands dirigeants du domaine, mais refuse de les divulguer par respect pour la vie privée de ces derniers.


Son corps retrouvé inerte dans une chambre d’hôtel..

Le 4 décembre 2007, le corps de Chad « Pimp C » Butler est retrouvé inerte dans une chambre d’hôtel de Los Angeles où l’artiste était de passage dans le cadre d’une tournée. Sa mort est confirmée et l’autopsie officielle révèle qu’un mélange de codéine et un trouble de l’apnée du sommeil ont eu raison de l’enfant terrible du hip-hop. Il était mari, père de famille et à peine âgé de 33 ans.


En conclusion

Il y a quelques années, le célèbre trompettiste Quincy Jones écrivait ceci en rendant hommage au rappeur Tupac Shakur décédé à 25 ans, « Si nous avions perdu Oprah à 25 ans, nous aurions perdu une personne de relativement inconnu, une présentatrice locale. Si nous aurions perdu Malcolm X à 25 ans, nous aurions perdu un lascar du surnom de « Detroit Red », si j’avais quitté le monde à 25 ans, nous aurions perdu un joueur de trompète et aspirant compositeur ».

Ceci résume merveilleusement bien ce que le monde a perdu en 2007 avec la disparition de Chad Butler, fauché pendant sa métamorphose révolutionnaire.

Les rappeurs constituent la carte cachée du militantisme aux États-Unis. Ils peuvent sortir de nulle part, s’inviter à une table où ils ne sont pas attendus et secouer sérieusement l’ordre établi. Leur pouvoir de propagande, leur franc-parler déconcertant, leur proximité avec le peuple et le puissant effet de la musique sur le cerveau humain, en font de potentiels imposants acteurs de changements.  

Il reviendra aux nouvelles grosses pointures du hip-hop de continuer l’œuvre de Chad « Pimp C » Butler..


Mayamba Luboya

vendredi 30 mars 2018

Jusqu’où ira l’aliénation ?



Une image circulait récemment sur les réseaux sociaux. Il s’agit, apparemment, d’une jeune écolière africaine essayant de conjuguer au présent, le verbe « s’aimer », sur un tableau noir dans ce qui semble être une salle de classe dans un pays africain. 

Sur l’image, l’étudiante a vraisemblablement du mal à conjuguer ce verbe, il est écrit : « je même, tu thèmes, il sème…».

L’auteur de ce texte n’a pas eu l’authentification de l’illustration, à savoir si elle a été retouchée ou non, mais là n’est pas le souci, car là n’est plus la question.

La problématique est la raillerie que ce genre de photographie suscite chez l'Africain lui-même. Moquant les siens de ne pas avoir été bon élève à l'école de l'assimilation, de ne pas saisir naturellement un langage pourtant  à des kilomètres de leur structure de pensée originelle.  

Aussi gênante qu’elle puisse paraître, cette photo vaut mille mots, elle relève de la biologie, elle est une preuve scientifique de plus de la génétique des populations, car elle affiche les cicatrices d'un peuple ayant vécu sous tutelle pendant des générations. Cette obsession de plaire qui hante l’âme du colonisé.  

La non-maîtrise du français attire donc les moqueries de ses compatriotes africains francophones. Cette pression populaire d'exceller dans la langue de l'ancien dominateur s'avère nettement plus efficace que n'importe quel discours de Jules Ferry. 

L’adresse du français à créer des complexes de supériorité à un point tel qu'en République Démocratique du Congo un dicton est né pour ramener les choses à l'ordre. En effet, les Congolais vous diront « koloba français eza mayele te », du lingala, « parler français ne signifie guère être  intelligent ». Comme quoi, pour rappel : maîtriser le verbe comme Rousseau ne fait pas de vous un philosophe des lumières. 

Il est plus que temps que cessent ces critères intellectuels faussés par le regard de l'autre, comme si la langue de Molière donnait des capacités cognitives. 

Nous serions dans un sacré pétrin si l'on mesurait la vivacité d'esprit par la potentialité des uns à s’approprier le langage des autres. Les étudiants de Harvard perdraient subitement de leur brillance si on les passait un examen obligatoire de...kikongo. 

« L'Afrique est le seul continent où la majorité des enfants commencent l'école dans une langue étrangère 
», comme l’indique un rapport de l’UNESCO intitulé « Pourquoi et comment l’Afrique doit investir dans les langues africaines et l’enseignement multilingue ». Cette situation est un crime contre l'humanité. Car, bien plus que le redoublement de classes parce qu’ils ne saisissent pas le parler de l’enseignant, cela casse l'estime de soi du petit, transforme des surdoués en cancres en les mettant des bâtons dans les roues dès la ligne de départ de la course de leur vie.

Le français est une belle langue, c’est son imposition et son application contre le bon sens qui est aberrant.

L'école primaire africaine doit être dans la langue locale la plus nationale. Pour ce faire, il faut traduire les ouvrages de mathématiques, histoires et autres dans cette langue. Un travail colossal, certes, mais indispensable pour cette nouvelle génération d'Africains. Beaucoup vivent déjà dans des pays en instabilité politique, ne pas hypothéquer leur éducation serait le moindre des services à rendre.

Continuer sur la voie actuelle serait un suicide. Une course vers un mur en béton. Tel un aliéné dans le déni de son mal, se ruant vers le néant, il y a matière à se poser la question suivante : jusqu’où ira l’aliénation ?



Mayamba Luboya

mercredi 21 mars 2018

Panafricanisme : que les vrais croyants se lèvent !

Le militant Stokely Carmicheal, à qui l'on doit le concept de
racisme systémique, fut une figure importante du panafricanisme. 

Depuis près d’un demi-siècle, le mouvement panafricaniste avance timidement. « Avancer » est un bien gros mot, car l’honnêteté intellectuelle nous pousserait de dire qu’il semble avoir…reculé. C’est que les années soixante ont vu beaucoup plus de panafricanistes que cette deuxième décennie du 21e siècle dans lequel nous vivons.

Né dans les Antilles, le panafricanisme est une idéologie qui vise à rassembler les Africains et afrodescendants autour d’une cause commune. Pour vulgariser, c’est comme être nationaliste sans frontières, être patriotique à l’échelle du continent de la terre mère et de ses enfants exilés.

Mais, pas seulement qu’une question de cœur, le panafricanisme est une affaire de raison. Il a prouvé son efficacité durant les soulèvements des années 1960. Les pères des indépendances ont su travailler en bonne intelligence pour que chacun, dans son coin de pays, puisse relever les fronts longtemps courbés. Félix Moumié, Thomas Kanza, Kwame Krumah, Patrice Lumumba et autres avaient compris un principe assez simple : le feu chez le voisin peut atteindre ma demeure.  

Hélas, aujourd’hui, pour bons nombres de partisans, le panafricanisme est plus ou moins un fonds de commerce. On y consacre de longs discours sans vraiment y croire un mot.

À sa façon, le panafricanisme, comme toute entreprise, n’échappe pas à la loi de Pareto : 20% d’adeptes pour 80% de figurants.

Il est un courant de pensée, à l’instar de tout courant de pensée il a besoin de « vrais croyants », pour reprendre ici l'expression de Yuval Noah Harari dans son Best-seller, SapiensDe grands défendeurs de la cause prêts à mettre la main au feu pour cet idéal, de panafricains modèles prêchant par l’exemple.

Sans vrais croyants, ce fameux 20%, le panafricanisme restera un vœu pieux, une utopie pour quelques illuminés et une frustration pour une poignée d’avant-gardistes.


Mayamba Luboya

dimanche 25 février 2018

Le savoir de l'autre...l'autre savoir

Il y a le banc d’école, l’éléphant dans le salon de l’acquisition de connaissance. Il y a le livre, ce bon vieux bouquin, chargé de retracer l’histoire, revisiter les faits qui font de l’humanité ce qu’elle est devenue.
Et bien entendu, de nos jours, il y a …Google ! Fruit de l’imagination des hommes, là où, ne fût-ce que le temps d’un clic, la magie d’internet transforme n’importe qui en Pic de la Mirandole.  

Mais, de toutes les manières de se cultiver, une avenue est plus négligée : le savoir de l’autre. Oui, le savoir des rencontres. Le savoir de l’autre constitue...l’autre savoir. 

L’autre n’est pas nécessairement érudit ou spécialiste. L’autre sait des choses qui ne font partie d’aucun programme scolaire. Il est ce témoin qui était là au bon moment et au bon endroit. Il est cet aîné qui a découvert des principes par la morale qu’enseigne l’expérience. Il est cet ami, venant d’une culture étrangère, qui vulgarise des concepts pouvant être hyper complexes lorsque l’on a été élevé sous un autre paradigme. À titre d’exemple, la psychologie des prénoms est une banalité en Afrique, mais une science en Amérique.

Si l’école peut être soumise à la loi du marché, que les livres ne seront jamais assez pour témoigner l’histoire du monde, il y aura toujours un autre pour exprimer ce qu’il sait.

Le savoir de l’autre est à prendre au sérieux. Ce n’est que depuis quelques années qu’est apparu un phénomène qui met en valeur ce trait d’apprentissage : les « brains dates », littéralement, « les rencontres de cerveaux ». Ces occasions où des inconnus se réunissent dans l’optique de repartir avec un petit bagage de chacun.

Le savoir de l’autre est intangible, il n’a pas besoin de propriété intellectuelle, car il est inviolable. Un chercheur en sciences humaines d’une université réputée ne pourra jamais comprendre la pauvreté comme le ressent le sans-abri qui dort au coin de la rue.

L’homme est unique. Par ce simple constat, tout homme peut apporter sa lumière pour éclairer davantage notre monde. Il ne suffit que de se parler, il ne suffit que d’apprendre du savoir de l’autre, de l’autre savoir.


Mayamba Luboya 

mercredi 17 janvier 2018

Hélène Bijou ou la dernière danse de Patrice Lumumba

Mata Gabin joue le rôle d'Hélène Bijou dans le
film Lumumba de Raoul Peck. 
Fin août 1960, dans un jeune état à peine âgé de deux mois, le nouveau Congo est désormais libre de l’occupation belge, mais aussitôt pris avec ses propres luttes intestines.

Si le président Kasa-Vubu et le premier ministre Lumumba tentent, tant bien que mal, de cohabiter, certains pères de l’indépendance comme Albert Kalonji ont déjà jetés l’éponge de l’unité nationale.

Kalonji enclenche la sécession de son coin de pays, le Sud-Kasaï. C’est pour mâter cette dernière que Lumumba y envoie les troupes de l’armée. Pour cette opération, le groupe de soldats conduit par Mobutu utilisa une force excessive qui se résulta par un bain de sang. Cette brutalité est entrée dans les annales de l’histoire comme le tristement célèbre «massacre de Bakwanga ».

Cette boucherie fit un tollé, non seulement national, mais aussi au sein de la communauté internationale. La faute est imputée à Patrice Lumumba, car même s’il y a eu dérapage, l’ordre initial d’utiliser l’action militaire venait de lui.

Les Occidentaux, qui veulent la tête du jeune premier ministre non-aligné trouvent là une bavure parfaite à exploiter. Même Kasa-Vubu qui résistait aux pressions de destituer Lumumba, commence sérieusement à y penser, et le fera quelques jours plus tard.

S’il y en a un autre qui est vraiment déçu, c’est Kwame Nkrumah. À plusieurs reprises il a tenté, en vain, de convaincre Lumumba d’oublier l’option des armes pour mettre fin à l’autonomie créée par Kalonji. Le président ghanéen avait-il prévu ce scénario ? Mobutu qui travaillait déjà avec les assassins des services secrets français « La Main rouge », avait-il délibérément orchestré cette tuerie pour saboter son chef ? 

Des questions qui laissent le champ à beaucoup d’interprétations…

À ces accusations, la réponse de Patrice Lumumba est complexe, symbolique, voire poétique. Quelque temps après le massacre de Bakwanga (ancienne Mbujimayi), Lumumba…danse dans un bar, suivi d’une meute de journalistes.

En effet, le 1er premier ministre du Congo esquisse des pas de rumba avec une certaine Hélène Bijou. Cette dernière serait d’une beauté si précieuse qu’on la surnommait Bijou.

La scène semble banale, mais pour Anicet Kashamura, porte-parole et ami de Patrice Lumumba, elle est tout sauf anodine.  Dans son bouquin, De Lumumba aux colonels, Kashamura avance qu’en dansant avec Hélène Bijou, une Lulua, Lumumba voulait célébrer et se moquer de la fuite d’Albert Kalonji. Le but serait donc politique, et renverrait au conflit Lulua-Baluba qui fît rage, et dont Kalonji était un des principaux protagonistes.

Une autre hypothèse voudrait que Lumumba souhaitait exprimer à la presse internationale qu’il était au-dessus des guerres fratricides des ethnies congolaises. Qu’il savait trop bien que c’est eux, les colons, qui avaient monté cette tension entre Lulua et Baluba.

Toutes ces interrogations autour de ce moment entre Lumumba et Hélène Bijou ont continué à persister. Dans sa pièce de théâtre « Une saison au Congo », Aimé Césaire reprend la scène. L’écrivain martiniquais présente un Lumumba sentant sa vie s’écourter. Il veut d’Hélène Bijou qu’elle « danse sa vie » et qu’elle continue à être belle quand il ne sera plus de ce monde.

Bien que bouleversant l’ordre chronologique, Raoul Peck reprend aussi la partie de cette danse dans son film Lumumba.

Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a toujours pas beaucoup d’informations sur cette Hélène Bijou, son nom de famille est toujours ignoré, comme si elle était volontairement passée entre les mailles du filet de l’histoire.

Toujours dans le livre De Lumumba aux colonels, Anicet Kashamura affirme qu’elle présidait un « comité de vigilance », exclusivement composé de femmes, pour protéger la sécurité de Patrice Lumumba dans les jours précédents sa fameuse fuite vers l’Est du pays et sa mort.

Ce que l’on sait cependant est qu’elle était une de ces « femmes libres » fréquentant les bars de Léopoldville. Et qu’aux yeux du monde, Hélène Bijou a été la dernière danse de Patrice Lumumba.



Mayamba Luboya 

Kalala, un nom qui lui allait si bien